La vie entière, il est vrai, subit l'attraction ou cherche à éloigner l'angoisse de son point final.
août
2018
- prix: 13 €
format : 170 x 220 mm
160 pages
ISBN: 979-10-304-0990-1
Extrait de “La Vie et la mort à travers le XVe siècle”
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La Vie et la mort à travers l'art du XVe siècle
Alberto Tenenti
“Le fait est que la mort n’a rien à voir avec ce qui se passe, ou devrait se passer, dans l’agonie du chrétien. L’Ars moriendi nous montre seulement les diables et les messagers du ciel, à côté du mourant lui-même, qui n’est absolument pas considéré comme un corps proche de la décomposition, ni même comme un organisme souffrant ; ne trouvent ici leur place ni la douleur physique, ni l’angoisse d’être réduit à néant. L’extinction de la vie organique est un événement naturel à l’issue escomptée : le drame se joue sur un autre plan. Le mourant n’est plus que son âme ; si le corps n’est pas tout à fait absent, c’est parce qu’il a marqué l’âme de ses traces néfastes d’après lesquelles le malin va régler son jeu.”
Avant l’avènement de l’imprimerie, le XVe siècle s’est essentiellement nourri d’images. Fresques et autres livres d’heures formaient ce que l’Église appelait la ‘‘Bible du pauvre’’, peuplée d’anges et de démons. Dans la seconde moitié du siècle, l’imprimerie bouleverse tout, les images se propagent à grande vitesse. C’est alors qu’apparaît l’Ars moriendi, guide du mourant pour le salut de son âme.
Depuis la peste noire de 1348, la multiplication des fléaux menace l’un des piliers sur lesquels repose la culture chrétienne : l’attente du Jugement dernier. En prenant conscience de leur inexorable dégradation corporelle, les hommes appréhendent différemment la durée. Au-delà de la spiritualité, c’est une curiosité pour les aspects plus matériels de la mort qui s’exprime. Une frénésie macabre s’empare de l’Europe occidentale. Les hommes savourent “les horreurs de la décomposition”, créant ‘‘une expression indépendante de la force qui les détruit’’ : ils dansent avec des squelettes.
Alberto Tenenti analyse avec finesse cette iconographie singulière. Cette histoire d’un art, à la croisée des sciences humaines, met en perspective les mentalités de l’époque.
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