Mettre le bazar, alors là oui !
janvier
2013
- prix: 6,20 €
format : 100 x 170 mm
64 pages
ISBN: 978-2-84485-602-9
Extrait de La Loterie du jardin zoologique
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La Loterie du jardin zoologique
Kurt Schwitters
"Lorsque les Schulze se couchèrent, ils gratifièrent le lion d’une couverture en crochet. Bientôt, Schulze commença à ronfler et finalement, madame Schulze s'endormit elle aussi profondément. Mais, pour une raison quelconque, elle se réveilla au beau milieu de la nuit et découvrit que son bras droit avait disparu. Elle le chercha partout dans le lit, mais n'y trouva que ses bas. Elle réveilla alors son mari qui se leva d'un bond pour chercher avec elle. Mais le bras était introuvable. Le lion dormait à poings fermés. "Il doit être couché dessus", dit Schulze. Et voilà que tous deux commencent à pousser du pied le lion qui se réveille, se contentant cependant de cligner des yeux, sans bouger. Comme Schulze marche maintenant directement dans sa gueule, le lion saute sur ses pattes en rugissant et mord, trouant le pantalon de pyjama neuf de Schulze. Puis il reste debout, grognant comme un chien. Schulze qui n'est pas un foireux sort son révolver du tiroir de la table de nuit, et le descend."
Lors de la grande loterie du jardin zoologique, le ménage Schulze, madame Schönwetter et monsieur Gleiwitz gagnent respectivement un lion, un hippopotame et quatre bouquetins. Or, après la disparition inexplicable d'un bras mais surtout la trouée dans un pantalon de pyjama neuf, le lion se trouve rapidement abattu d'une balle de revolver. L'hippopotame se noie malencontreusement et finit en paix, mais en rondelles, dans le compost de madame Schönwetter. Les quatre bouquetins ainsi que monsieur Gleiwitz lui-même sont tous transpercés d'un canif devant l'évidence qu'il allait être impossible de remplacer la porcelaine. Une délirante dénonciation de la bêtise humaine, et surtout de la bêtise petite-bourgeoise. Les flots de discours indirects libres totalement dénués de sens sont un régal, l'avertissement est quant à lui hilarant. La petite-bourgeoisie possédante n'a qu'à bien se tenir : gare à elle si elle maintient ses œillères. Car l'auteur est dada et Dada se fout de tout.
Traduit de l'allemand par Catherine Wermester.
Édition bilingue.
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