août
2003
- prix: 6,20 €
format : 100 x 170 mm
160 pages
ISBN: 2-84485-127-4
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Défaut d’origine
Oliver Rohe
“Personne n’est singulier ; personne n’est original : personne ne peut donc raisonnablement et de quelque manière que ce soit prétendre à l’individualité.”
Dès les premières lignes, Défaut d’origine plonge le lecteur dans la tête du narrateur, un certain Selber, qui a entrepris un voyage en avion pour retrouver son pays natal qu’il s’était pourtant promis d’oublier définitivement. Très vite un deuxième personnage, Roman, un ami de longue date resté là-bas, envahit le livre. Ses pensées se mêlent inextricablement à celles du narrateur en un flux ininterrompu d’une noirceur féroce. Le refus de la patrie, la guerre, la relation castratrice mère-fils, l’enfermement, la maladie, la quête identitaire (ou plutôt la nécessité de s’en défaire), le corps et les limites qu’il impose, le rapport à l’Autre et à l’Ailleurs : autant de thèmes qui s’enchaînent et s’entrecoupent de remarques sur le rôle de la langue dans laquelle on s’exprime, ou celui de l’écriture elle-même, de la parole ou du silence. Au fur et à mesure du texte, on assiste à la dépersonnalisation progressive du personnage de Roman, véritable dépossession de soi, au profit d’une tentative de fusion dans l’Autre (d’abord avec les objets, puis avec ses amis, puis dans la langue française, pour aboutir enfin à une fuite dans l’écriture au sens large). Ce phénomène fait écho à la dilution du narrateur lui-même, qui parle les paroles de Roman, qui pense ses pensées et qui est sans cesse menacé de devenir le simple réceptacle de ce long monologue. Oliver Rohe entretient une tension dramatique croissante, jusqu’à ce que se révèle quel est ce “défaut d’origine“ fondamental.
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