Editions Allia

Première Considération inactuelle
Car tous ceux qui pensent selon l'opinion publique ont les yeux bandés et les oreilles bouchées.

septembre 2009 - prix: 6,20 €
format : 100 x 170 mm
160 pages
ISBN: 978-2-84485-322-6


Extrait de Première Considération inactuelle
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Première Considération inactuelle

Friedrich Nietzsche

À travers la figure emblématique de David Strauss, ce sont les philistins de la culture allemande que Nietzsche attaque vigoureusement. Pour réaliser ce projet, il distingue clairement la Kultur de l’homme instruit de la Bildung, propre de l’homme cultivé. L’homme instruit, le philistin, est celui qui vit dans l’illusion de posséder un savoir, qui par essence lui échappe puisqu’il ne l’interroge pas. Or, selon Nietzsche, la culture implique l’idée de sens critique, d’autonomie du jugement, de perception du sens de ce qui existe. Elle passe par une bonne maîtrise de la langue, une connaissance des grandes œuvres de l’art et de la pensée, une ouverture à la démarche scientifique, une idée des lois et des institutions qui régissent la société dans laquelle nous vivons. La Bildung est ce qui permet à l’homme d’être un homme, d’échapper aux déterminismes biologiques et sociaux, d’accéder à la conscience, à la liberté. C’est ainsi que Nietzsche en vient à s’ériger contre l’idée hégélienne selon laquelle il existerait un moment de l’histoire qui échapperait à l’histoire et d’où il serait possible à l’homme de porter un jugement sur la totalité de celle-ci. Pour Nietzsche, l’homme est jeté là, il n’appartient pas à une histoire, mais à une pure fatalité. C’est donc à lui, par le biais de la culture, Bildung, de s’y déterminer. Et le sérieux de ce propos n’exclut en rien le rire. Jouant du double sens du terme strauss (“bouquet” ou “autruche” en allemand), Nietzsche emploie l’arme la plus forte dont il puisse faire usage, à savoir l’ironie, pour moquer la pensée de son adversaire qu’il n’hésite pas à qualifier de “pensée de l’autruche”.
Traduit de l'allemand par Lionel Duvoy.